vendredi 30 janvier 2015

La bière d'Innsmouth

Belle initiative que celle de la Narragansett Brewing Company, basée dans l'État du Rhode Island  qui a crée une bière en hommage à HPL (qui n'a surement du jamais en boire!) et à Innsmouth...
Sur le site du brasseur, Mark Hellendrung raconte : « Lorsque la brasserie a été fermée, nôtre esprit n'est pas mort ; il entra dans la clandestinité, en un endroit profond et sombre. Depuis que nous avons repris en 2005, nous avons travaillé dur pour rester fidèles à nos racines. Mais après avoir été dans ce donjon si longtemps, nous sommes revenus avec quelques bagages. Tout comme le protagoniste sans nom de “The Outsider”, nous sommes revenus à la lumière un peu différents. Un peu... étranges. Pensez à ce breuvage comme notre audace, notre part obscure, notre esprit altéré. Ce ne sera pas pour tout le monde, et si elle n'est pas pour vous, vous saurez exactement à qui elle est destinée. C'est notre Lovecraft. »

L'étiquette (magnifique) est de l'artiste local  A.J Paglia.

Via Actualitté

mercredi 7 janvier 2015

Paul Michaud, HPL, et Houellebecq sont à Biarritz


Un autre petit texte sur une rencontre Lovecraftienne. Merci à  Paul pour nous avoir transmis cette anecdote littéraire, qui tombe à pic vu l'actualité de l'auteur des Particules élémentaires (entres autres)...

En août, 1979, Paul Michaud donne une conférence à Biarritz sur Lovecraft devant un public de retraités, bien endormis sous la chaleur  écrasante du moment sauf il montre dans son diaporama (on est en 1979) des couvertures  Weird Tales - celles concernant les premières nouvelles de HPL - ou de délicieuses pin-up dénudées luttent contre des monstres gélatineux ou de simples monstres humains.  


 A la fin, un jeune homme se présente, dit qu'il est fasciné par la présentation, et demande quelques références sur Lovecraft. Il offre comme cadeau le numéro de la collection Que Sais-je sur les gnostiques dont il venait de terminer la lecture. Il raconte au conférencier qu'il fait des études d'ingénieur en agriculture et donne son adresse à Paris, près de la place de l'Odéon, pas très loin ou habite aussi Paul Michaud et enfin donne son nom: Michel Thomas.

Ce n'est seulement plusieurs années après que Paul se rend compte que ce jeune homme passionné par les gnostiques et Lovecraft, n' était autre que Michel Houellebecq et que sans doute, sans vraiment l'avoir cherché, il l'avais un peu aidé à "lancer" sa carrière littéraire, un de ses premiers livre
fut, en effet, celui consacré à HPL (H. P. Lovecraft. Contre le monde, contre la vie publié en 1991).



Houellebecq n'a jamais caché son admiration pour HPL et en parle très bien dans ce reportage.


Il  y a trois ou quatre ans,lorsqu'il habitait l’Irlande, Paul lui avais envoyé la nécrologie sur Francis Lacassin  (publiée dans ce blog) ajoutant une photo de presse montrant, Houellebecq, devant sa bibliothèque dans laquelle on aperçoit une copie du premier, et unique tome à ce jour, de la correspondance de Lovecraft présentée par Lacassin lui même, et lui suggérais qu'il utilise ses relations éditoriales pour faire éditer les tomes suivants des lettres, que Lacassin avait préparé il y a déjà une trentaine d'années, mais sans avoir trouvé un éditeur en France.

Jusqu'ici pas de réponse, mais qui sait,  peut être aurons nous un jour la possibilité enfin de lire dans la langue de Molière les lettres répertoriés du maitre de Providence, parues aux USA en cinq volumes et qui donnent éclairage cru et passionnant sur HPL. Car d'après Paul Michaud les tomes suivants  existaient à l'époque bel et bien Francis Lacassin lui ayant assuré que tout ce qui existait en anglais jusqu'en 1978 il l'avait fait traduire, présumant que Christian Bourgeois allait éditer les trois ou quatre tomes suivants. Ils doivent aujourd'hui se trouver dans le fonds Lacassin à l'IMEC en Normandie, un ancien château, digne de HPL, et à ce jour on ne connait pas  malheureusement qui sont les ayant croit ou exécuteurs littéraires de Francis Lacassin ce qui permettrait de relancer les rotatives d'impressions.

En attendant ce petit miracle on regardera avec plaisir le documentaire de Pierre Tridivic, Patrick Mario Bernard: Le cas Lovecraft, très proche du livre de Houellebecq selon moi et d'une rare beauté et inventivité visuelle.


En attendant voici un extrait du livre de Houellebecq consacré à HPL:

«Peut-être faut-il avoir beaucoup souffert pour apprécier Lovecraft…»
(Jacques Bergier)

"La vie est douloureuse et décevante. lnutile, par conséquent, d'écrire de nouveaux romans réalistes. Sur la réalité eu général, nous savons déjà à quoi nons en tenir; et nous n’avons guère envie d'en apprendre d’avantage. L’humanité telle qu'elle qu’elle est ne nous inspire plus qu'une curiosité mitigée. Toutes ces «notations» d’une si prodigieuse finesse, ces «situation», ces anecdotes… Tout cela en fait, le livre une fois refermé, ne fait que nous confirmer dans une légère sensation d'écoeurement déjà suffisamment alimentée par n'importe quelle journée de «vie réelle».

Maintenant, écoutons Howard Phillips Lovecraft: «Je suis si las de l'humanité et du monde que rien ne peut m'intéresser à moins de comporter au moins deux meurtres par page, ou de traiter d'horreurs innommables provenant d'espaces extérieurs.»


Howard Phillips Lovecraft (1890-1937). Nous avons besoin d'un antidote souverain conrre toutes les formes de réalisme.


Quand on aime la vie, on ne lit pas. On ne va guère au cinéma non plus, d'ailleurs. Quoi qu’on en dise, l'accès à l'univers artistique est plus ou moins réservé à ceux qui an ont un peu marre.

Lovecraft, lui, en a eu un peu plus qu’un peu marre. En 1908, à l'âge de di.-huit ans, il est victime de ce qu'on a qualifié d’ «effondrement nerveux», et sombre dans une léthargie qui se prolongera une dizaine d'années. A l'âge où ses camarades de classe, tournant impatiemment le dos à l'enfance, plongent dans la vie comme dans une aventure merveilleuse et inédite, il se cloître chez lui, ne parle plus qu'à sa mère, refuse de se lever toute la journée, traîne en robe de chambre toute la nuit.

D'ailleurs, il n'écrit même pas.


Que fait-il? Peut-être lit-il ou peu. On n’en est même pas sûr. En fait ses biographes doivent convenir qu'ils n'en savent pas grand-chose et que, selon toute apparence, au moins entre dix-huit et vingt-trois ans, il ne fait absolument rien."